Le service fonctionnait à son plein régime comme à l'accoutumée en ce début d'après-midi. Tandis que les gratte-papiers rivalisaient d'ingéniosité pour pondre les rapports les plus inutiles et longs que la Californie ait jamais porté, les stagiaires s'occupaient des affaires courantes telles que les auditions, les analyses ainsi que les confrontations de parties. Au dessus de ce nuage de professionnalisme, ceux que l'on appelait "les anciens", forts de leurs galons arrachés à la sueur de leur veston attendaient patiemment qu'un appel d'urgence vienne les tirer de ce marasme de productivité bureaucratique. Déjà on se souvenait avec nostalgie des parts de pizzas engloutis il y a peu et les rototos obséquieux achevaient de confiner cet environnement de travail comme l'anti-thèse absolue du stakhanovisme.
Soudain, un évènement à la portée insoupçonnée vint troubler la foire aux animaux. Par dessus les effluves habituelles et riches en émotions d'urine et de cigarettes mal éteintes, un fumet traversa les open-spaces et chacun eut en tête qu'un nuage radioactif venait d'entrer dans les bureaux. Grâce à leur flair, les enquêteurs trouvèrent vite le coupable et les soupçons s'abattirent, à raison, sur le comptable le plus décoré des COPS : Brandon Latouche.
"-PUTAIN LATOUCHE ! C'EST QUOI CETTE ODEUR DE MERDE.
-Pieds-paquets revenus à la sauce fruits de mer sur lit d'oursins agrémentés d'un velouté aigre-douce."
Le plat vola par la fenêtre fermée et il y eut plus de rapports ce jour là que d'habitude.