Prenons un peu d’altitude et observons notre Terre, assis sur un nuage, comme des enfants silencieux contemplant une ruche. Que voyons-nous ? Des villes tentaculaires, des marées humaines déferlant dans les rues, des pays industrialisés lancés dans une course éperdue vers le progrès, la technologie, le chimique, le virtuel… Un monde recouvert de métal, de toxiques, de machines. Un monde où l’homme grouille, triomphant, hissé au sommet de la chaîne alimentaire par la force de ses inventions. Un monde où la nature souffre, épuisée, agressée par les déchets polluants, vidée de ses dernières ressources.
Continuons notre route, survolons ces cités à la chlorophylle synthétique et aux arbres malades, descendons en planant vers ces tunnels souterrains où les hommes s’entassent, guidés par les phéromones de la sainte reine Travail… Une gigantesque fourmilière, nourrie de concepts et d’idéaux fébriles, où les ouvrières s’activent sans la moindre unité pour forger les outils de la destruction…
Combien d’hommes ont conscience, aujourd’hui, d’être des parasites ?
« Nous grouillons sur la Terre, comme des sangsues… Partout, les flambeaux de notre sacro-sainte civilisation se dressent dans le ciel noirci, étendards d’un empire de métal et d’orgueil, temples d’un culte impie à la Modernité. La nature se flétrit, au contact de nos villes. Nos usines charrient leur pollution vers les eaux souterraines, et nous détruisons tout. L’homme ne se reproduit plus, il pullule. Nous ne survivons plus, nous dominons, souverains de ces terres qui nous ont élevés, bercés, nourris… »